Non mais là, j'en peux plus. Vraiment, j'ai la nausée des yeux et des oreilles. Papa, Maman, je change de prénom.
Déjà, à l'école, je trouvais ça nul. Il n'y avait aucune Marine dans tout le village, personne sur qui m'appuyer. Tandis que les Stéphanie, Claire, Virginie, Carole ne manquaient pas. Nous étions obligés d'usiter avec poésie les initiales du nom pour les identifier, ce qui rendait à peu près ça :
- Maman, je vais chez Carole.
- Carole P. ou Carole H. ?
- P.
- Rue du Lys ?
- Oui
Sauf que Carole P. et Carole H. habitaient la même rue, une en haut et l'autre en bas... C'est limité un enfant, ça ne pense pas à laisser plus simplement un numéro de téléphone (à 6 chiffres, la louze). Avec toutes ces initiales accolées, je me consolais d'être unique car Marine A. ouvrait d'autres portes aux bonnes blagues. Déjà à 6 ans, je me jurais de ne pas stigmatiser les futurs enfants que j'adopterai.
Et puis, au collège, je rencontrais ma première Marine. Seulement voilà, elle était magnifique ET intelligente... Chienne de Mère Nature ! Le syndrome du vilain petit canard me poursuivait. Elle ne semblait pas être sensible aux bons gros jeux de mots, elle ne paraissait même pas en être la cible et portait même des pulls bleu marine. Moi, aucune affinité ne semblait se déclarer avec mes gars et mes pompons de la Marine, je ne dépassais pas le stade de la haine enragée pour ce maudit prénom. Vous pouvez chercher d'autres Marine merveilleusement célèbres, il n'y en a pas (allez, je ne suis pas LDP, en voici une). Mais comme le destin est très joueur, les Marina... ne manquent pas ! Sadique !
Alors aujourd'hui, avec les prémices des présidentielles, autant vous dire que je ne VEUX plus m'appeler Marine. Je refuse. Si toi aussi, tu préfères disparaître à moitié améliorer ton aura, le lien est ici. Je lis mon prénom dans tous les journaux, je l'entends à la radio, sur les terrasses, et il est toujours attaché, acculé, rejeté ou vénéré (c'est selon, mais je vomis tout de même). Le week-end dernier ce fût même le sujet d'une bonne crise avec Lover. En tournée à PasCherLand, cet être insensible hurle mon prénom entre le jambon et les yaourts. Je ne réponds pas, je trace. Je vois bien les regards curieux des autres consommateurs qui cherchent aussi Marine. Second essai, je l'entends qui se rapproche, je continue de filer comme si de rien n'était. Trop tard, il me coince au virage. Mais t'es sourde ou quoi ? Et moi, furieuse, je lui réponds du tac au tac Je t'ai déjà demandé de ne plus m'appeler comme ça ! Call me Lana* maintenant. J'ai cru qu'il allait défaillir ou me coller une baigne pour me remettre les idées au clair. Je ne sais pas ce qui l'a retenu, mes coups de boule peut être.
Et puis, que dire des nouvelles petites Marine. Mes parents ne savaient pas, ils n'avaient pas internet et Jean-Marie ne remplissait pas encore les tabloïds. Mais les parents d'aujourd'hui ? Quelle est leur excuse ? Car, quand je vois déjà ces petits troublions qui frétillent d'idées géniales, j'essaie de vraiment positiver mais je n'y parviens pas. Je compatis.
Pour tout vous dire, je n'ose pas non plus commencer ce foutu régime, j'ai trop peur que la comparaison de poursuive. Finalement, c'est peut-être un bon jour pour aller chez le coiffeur, non ? Et si je me laissais pousser la barbe ?
* Lana, ce fut l'inspiration du moment mais si tu te sens inspiré(e)...